En 1871, constatant que le renouvellement des tombes était trop rapide (10 à 15 ans), la municipalité chercha un terrain plus grand à l’extérieur de l’agglomération.
Le maire, Auguste Thibaud, fit appel à François Aubry, architecte à Nantes. Né le 6 juillet 1841 à Pont-Rousseau, il réalisa l’aménagement du quartier du Petit-Port à Nantes et du quartier Benoît à La Baule-Escoublac.
Aubry dressa le plan constitué d’un ensemble indissociable formé de l’allée d’accès, l’entrée monumentale et deux allées principales en croix. Jean-Baptiste Pineau, maçon à Saint-Philbert-de-Bouaine, éleva le mur d’enceinte avec des pierres extraites de la carrière des Quaireux des Rivières (carrière de Landefrère). Les pierres de granit provenaient des Lucs-sur-Boulogne. Cet ensemble architectural forme aujourd’hui un patrimoine remarquable unique en Vendée.
Plan du cimetière :
Le cimetière mesure presque 100 mètres de long et sa largeur est des 2/3 de la longueur. Il est ceint d’un haut mur d’environ 3 mètres recouvert de granit taillé. Particularité en Vendée, son accès est donné par une longue allée bordée de deux murets à partir de la Route de Nantes. Quatre piliers séparaient l’allée de la route. L’entrée proprement dite du cimetière en forme de U est à l’autre extrémité de cette allée, marquée par un portail monumental en granit. Ce n’est qu’en 1974 qu’une autre entrée sera ouverte dans le mur Sud pour éviter le trafic de la route nationale d’alors.
Le plan intérieur du cimetière est très régulier. Quatre sections étaient délimitées par les allées intérieures bordées de cyprès, maintenant remplacés par des ifs. Une croix s’élève en plein centre et une statue de la Vierge est placée à l’opposé du portail. Un chemin de croix est fixé sur le mur d’enceinte ; chaque station est surmontée d’une croix en granit.
Les concessions perpétuelles bordent les allées, les concessions trentenaires et cinquantenaires sont à l’intérieur des sections.
La bénédiction du nouveau cimetière eut lieu le 2 mars 1879 et la première inhumation le 22 mars.
Partons maintenant pour une visite de ce patrimoine architectural avec quelques informations historiques.
Sur le cadastre de 1961, le cimetière apparaît isolé du bourg. Au Sud, c’était le domaine de Jeanne Taillé, la Solitude (actuellement l’EHPAD des Glycines) qui était le plus proche. Au Nord, le bâtiment de service longeant l’allée servait à l’exploitation agricole de la grande parcelle appartenant à la cure (les terrains de sport actuels).
La pression immobilière a grignoté les champs entourant le cimetière à partir des années 1970. La Place Verdon, l’Avenue des Acacias, le Centre Culturel et de Loisirs ont attiré des commerces, des banques, des logements. La longue allée d’accès à l’entrée a été plusieurs fois remaniée depuis l’année 2006 au rythme des aménagements de la Place Verdon. La présentation suivante évoque l’organisation des 125 premières années.
Quatre colonnes massives délimitaient le passage. Une longue allée conduisait de l’actuelle Rue du Commerce jusqu’à l’entrée du cimetière. Dans la perspective de l’allée, nous observons le portail monumental et la croix centrale.
Dans chaque branche du U est encastrée une dalle gravée rappelant la création du cimetière, à droite par le conseil municipal, à gauche par la paroisse.
Inscription de la paroisse :
CE CIMETIERE
A été béni le 2 mars 1879
PAR
POUZIN Henri CURÉ
de cette paroisse
délégué par
Monseigneur Clovis CATTEAU
Evêque de LUCON
MM _____ LYROT Président
HILLEREAU Auguste Trésorier
_____________ Jean Secrétaire
Pouzin Henri CURÉ
THIBAUD Auguste MAIRE
RICHARD Jean
SAUVAGET Jean
MEMBRES du CONSEIL paroissial
Inscription de la commune :
CE CIMETIERE
a été érigé en 1878
__________________________
de
THIBAUD Auguste MAIRE
MANDIN Philbert Adjoint
__________________________
GENDRE Eugène
MERLET Jean-Baptiste
CHOBLET Louis
BEZIAU Augustin
MOREAU Benjamin
MANDIN François
SAUVAGET Jean
VOLARD Etienne
PICHAUD Julien
BITON Jean
BOURMAUD Julien
POIRON Henri
HILLÉREAU Pierre
Passons le grand portail en fer forgé ou l’un des portillons latéraux, et remontons l’allée centrale bordée d’ifs.
La croix centrale puis la statue de la Vierge
Tout près de la statue de la Vierge, nous pouvons observer, à droite l’enclos des tombes les plus anciennes, à gauche trois tombes quasi semblables de trois combattants décédés pendant la Seconde Guerre Mondiale.
L’if est omniprésent dans le cimetière. Arbre sacré des druides, symbole de la longévité, il illustre pour les chrétiens la Résurrection et la vie éternelle. Dans la mythologie grecque et romaine, l’if était dédié à Hécate, gardienne des Enfers, symbole de la mort. Tout l’if est toxique mais il est aussi source de vie ; on extrait des molécules anticancéreuses des feuilles de la variété Taxus baccata.
Faisons le tour du mur de clôture pour admirer les 14 stations du chemin de croix. Chaque station comprend un cadre en granit surmontée d’un croix.
Chaque plaque en fonte peinte représente un moment de la Passion du Christ.
© Bouaine Patrimoine
Rédaction : Jean-Pierre Morisseau
Contributions : Pierre Parois