L’architecture du cimetière

En 1790, le petit cimetière qui faisait corps avec l’église a été vendu avec elle, mais il n’a pas été remis en service avec le Concordat. Le cimetière qui le remplaça se situait dans l’actuelle Place des Halles.

En 1871, constatant que le renouvellement des tombes était trop rapide (10 à 15 ans), la municipalité chercha un terrain plus grand à l’extérieur de l’agglomération.

Le maire, Auguste Thibaud, fit appel à François Aubry, architecte à Nantes. Né le 6 juillet 1841 à Pont-Rousseau, il  réalisa l’aménagement du quartier du Petit-Port à Nantes et du quartier Benoît à La Baule-Escoublac.

Aubry dressa le plan constitué d’un ensemble indissociable formé de l’allée d’accès, l’entrée monumentale et deux allées principales en croix. Jean-Baptiste Pineau, maçon à Saint-Philbert-de-Bouaine, éleva le mur d’enceinte avec des pierres extraites de la carrière des Quaireux des Rivières (carrière de Landefrère). Les pierres de granit provenaient des Lucs-sur-Boulogne. Cet ensemble architectural forme aujourd’hui un patrimoine remarquable unique en Vendée.

Les carriers des Lucs sur Boulogne ont extrait et façonné les blocs de granite du cimetière (sculpture locale)

 

Plan du cimetière :

Le cimetière mesure presque 100 mètres de long et sa largeur est des 2/3 de la longueur. Il est ceint d’un haut mur d’environ 3 mètres recouvert de granit taillé. Particularité en Vendée, son accès est donné par une longue allée bordée de deux murets à partir de la Route de Nantes. Quatre piliers séparaient l’allée de la route. L’entrée proprement dite du cimetière en forme de U est à l’autre extrémité de cette allée, marquée par un portail monumental en granit. Ce n’est qu’en 1974 qu’une autre entrée sera ouverte dans le mur Sud pour éviter le trafic de la route nationale d’alors.

Le plan intérieur du cimetière est très régulier. Quatre sections étaient délimitées par les allées intérieures bordées de cyprès, maintenant remplacés par des ifs. Une croix s’élève en plein centre et une statue de la Vierge est placée à l’opposé du portail. Un chemin de croix est fixé sur le mur d’enceinte ; chaque station est surmontée d’une croix en granit.

Les concessions perpétuelles bordent les allées, les concessions trentenaires et cinquantenaires sont à l’intérieur des sections.

La bénédiction du nouveau cimetière eut lieu le 2 mars 1879 et la première inhumation le 22 mars.

Partons maintenant pour une visite de ce patrimoine architectural avec quelques informations historiques.

 

Sur le cadastre de 1961, le cimetière apparaît isolé du bourg. Au Sud, c’était le domaine de Jeanne Taillé, la Solitude (actuellement l’EHPAD des Glycines) qui était le plus proche. Au Nord, le bâtiment de service longeant l’allée servait à l’exploitation agricole de la grande parcelle appartenant à la cure (les terrains de sport actuels).

La pression immobilière a grignoté les champs entourant le cimetière à partir des années 1970. La Place Verdon, l’Avenue des Acacias, le Centre Culturel et de Loisirs ont attiré des commerces, des banques, des logements. La longue allée d’accès à l’entrée a été plusieurs fois remaniée depuis l’année 2006 au rythme des aménagements de la Place Verdon. La présentation suivante évoque l’organisation des 125 premières années.

L’allée en 2005
L’allée dans les années 1970

Quatre colonnes massives délimitaient le passage. Une longue allée conduisait de l’actuelle Rue du Commerce jusqu’à l’entrée du cimetière. Dans la perspective de l’allée, nous observons le portail monumental et la croix centrale.

L’entrée monumentale en forme de U

Dans chaque branche du U est encastrée une dalle gravée rappelant la création du cimetière, à droite par le conseil municipal, à gauche par la paroisse.

Inscription de la paroisse :

CE CIMETIERE

A été béni le 2 mars 1879

PAR

POUZIN Henri CURÉ

de cette paroisse

délégué par

Monseigneur Clovis CATTEAU

Evêque de LUCON

MM _____ LYROT Président

HILLEREAU Auguste Trésorier

_____________ Jean Secrétaire

Pouzin Henri CURÉ

THIBAUD Auguste MAIRE

RICHARD Jean

SAUVAGET Jean

MEMBRES du CONSEIL paroissial

 

Inscription de la commune :

CE CIMETIERE

a été érigé en 1878

__________________________

de

THIBAUD Auguste MAIRE

MANDIN Philbert Adjoint

__________________________

GENDRE Eugène

MERLET Jean-Baptiste

CHOBLET Louis

BEZIAU Augustin

MOREAU Benjamin

MANDIN François

SAUVAGET Jean

VOLARD Etienne

PICHAUD Julien

BITON Jean

BOURMAUD Julien

POIRON Henri

HILLÉREAU Pierre

Le portail monumental

Passons le grand portail en fer forgé ou l’un des portillons latéraux, et remontons l’allée centrale bordée d’ifs.

La croix centrale puis la statue de la Vierge

Tout près de la statue de la Vierge, nous pouvons observer, à droite l’enclos des tombes les plus anciennes, à gauche trois tombes quasi semblables de trois combattants décédés pendant la Seconde Guerre Mondiale.

L’if est omniprésent dans le cimetière. Arbre sacré des druides, symbole de la longévité, il illustre pour les chrétiens  la Résurrection et la vie éternelle. Dans la mythologie grecque et romaine, l’if était dédié à Hécate, gardienne des Enfers, symbole de la mort.  Tout l’if est toxique mais il est aussi source de vie ; on extrait des molécules anticancéreuses des feuilles de la variété Taxus baccata.

Faisons le tour du mur de clôture pour admirer les 14 stations du chemin de croix. Chaque station comprend un cadre en granit surmontée d’un croix.

Chaque plaque en fonte peinte représente un moment de la Passion du Christ.

© Bouaine Patrimoine
Rédaction : Jean-Pierre Morisseau
Contributions : Pierre Parois

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